Parmi les priorités d'une chambre de commerce figurent la généralisation des entreprises durables et la disponibilité d'une main-d'œuvre bien formée, notamment en ce qui concerne l'utilisation des outils numériques. La situation à Bruxelles est loin d'être désastreuse, mais il y a encore des progrès à faire. Quelles sont les initiatives existantes en termes de formation et de soutien public pour relever ces défis ? Bernard Clerfaytministre bruxellois de l'Emploi, de la Formation professionnelle et de la Transition numérique, et Emmanuelle Havrennedirectrice-présidente de la Haute École EPHEC, soulignent que tout est mis en œuvre pour obtenir des résultats probants.

Quelles solutions mettez-vous en place pour encourager l'esprit d'entreprise à Bruxelles ?

Emmanuelle Havrenne : "L'EPHEC est connue comme une école d'entrepreneurs. A ce titre, elle bénéficie de subsides de la Région bruxelloise depuis 2016. Grâce à notre programme d'entrepreneuriat " EPHEC Entreprendre ", les étudiants ont accès au statut d'étudiant-entrepreneur. Cela leur permet de combiner plus facilement leurs études et la création d'une entreprise. Qu'ils aient juste une idée de projet ou qu'ils aient déjà développé un concept plus approfondi, ils bénéficient d'un soutien et d'un accompagnement. EPHEC Entreprendre fait partie du réseau 1819 et offre ainsi aux étudiants porteurs de projets un accès facilité au financement via Finance & Invest.brussels. Nous obtenons ainsi un taux de conversion élevé, qui se traduit par la création effective d'entreprises durables à l'issue de notre programme. Le même esprit d'entreprise imprègne tous nos autres cours, ainsi que l'expérience internationale que nous offrons à chaque étudiant. En fait, nous disposons d'un réseau d'environ 200 partenaires à l'intérieur et à l'extérieur de l'Europe".

Bernard Clerfayt : "Bruxelles dispose en effet d'excellentes écoles qui forment des entrepreneurs et des cadres. En tant que ministre de l'emploi, je veux surtout soutenir les demandeurs d'emploi qui veulent se lancer comme indépendants ou entrepreneurs. Pour les aider à démarrer, l'un de nos programmes leur verse une prime mensuelle pouvant aller jusqu'à 4 000 euros pendant les six premiers mois d'activité. Cette incitation financière est complétée par un soutien de la part de la plate-forme de l'administration bruxelloise, en termes de planification financière, d'alignement du projet sur le marché, etc.

Quelles sont les autres initiatives de soutien existantes ?

B. C. : "Un mécanisme très populaire depuis quelque temps est la coopérative d'activités. Grâce à cette structure, les porteurs de projets bénéficient de tous les attributs d'une entreprise - y compris un numéro de TVA - ainsi que d'un accompagnement dans le développement de leur projet et d'un soutien en matière de comptabilité et de marketing. Avec le temps, certains projets mûrissent suffisamment pour voler de leurs propres ailes. Enfin, le récent programme Reload Yourself mérite également d'être mentionné. Il s'agit d'une coopérative qui permet à des personnes de reprendre une entreprise, par exemple en difficulté ou dont le propriétaire part à la retraite. Le futur entrepreneur bénéficie pendant deux ans d'un accompagnement et d'un soutien dans différents domaines. Ce programme original permet également d'éviter le rachat immédiat d'une entreprise".

Comment remédier efficacement à la pénurie de main-d'œuvre ?

B. C. : "Nos organisations de formation professionnelle travaillent beaucoup sur cette question. Nous travaillons entre autres sur l'offre de formation dans l'enseignement secondaire, supérieur et universitaire et sur la reconversion professionnelle. Les demandeurs d'emploi inscrits chez Actiris peuvent également bénéficier d'un très large éventail de formations, en collaboration avec Bruxelles Formation et le VDAB. L'année dernière, plus de 20.000 personnes ont ainsi été formées. Outre les formations diplômantes, il existe des cours destinés à des groupes cibles plus spécifiques : cours de langue pour les personnes venant de l'étranger, cours de remise à niveau pour les mères qui reviennent sur le marché du travail après une longue période, etc. À noter également : les formations professionnelles individuelles en entreprise de 6 à 12 mois, où le stagiaire est rémunéré pendant sa formation interne personnalisée tout en étant formé pour répondre aux besoins spécifiques de l'entreprise. Cette formule très efficace concerne environ 1 000 personnes par an et permet d'atteindre un taux d'emploi de 80 %."

E. H. : "À l'EPHEC, nous répondons à la pénurie de main-d'œuvre en proposant des formations dans nos trois écoles : la Haute École, l'École Supérieure de Promotion Sociale (cours du soir) et l'École de Formation Continue, qui propose des programmes courts et sur mesure. Notre approche est axée sur l'apprentissage tout au long de la vie. Nos méthodes d'enseignement sont véritablement axées sur la pratique et sur le développement des compétences professionnelles. Entre autres, les étudiants réalisent des missions basées sur des commandes reçues directement des entreprises. Pendant la crise sanitaire, par exemple, nos étudiants en commerce électronique ont développé des sites web pour le secteur de l'hôtellerie et de la restauration qui permettaient aux clients de commander des repas en ligne, car seule la livraison à domicile était autorisée à l'époque. Autres exemples : nos étudiants en commerce international réalisent des études de marché à l'étranger pour des entreprises basées en Belgique ; nos étudiants en marketing sont mis au défi chaque année par une entreprise d'élaborer la stratégie marketing la plus appropriée pour cette entreprise".

Dans quelle mesure les liens de votre école avec le monde professionnel sont-ils étroits ?

E. H. : "Parmi nos conférenciers, nous avons beaucoup de personnes issues du monde de l'entreprise. C'est une nécessité, surtout pour les cours les plus spécialisés et les plus techniques. Nos liens avec l'industrie se manifestent également par la présence d'un "conseil consultatif" dans chacun de nos cours. Ce conseil consultatif est composé de professionnels qui nous tiennent informés des besoins et des préoccupations des employeurs. Sur cette base, nous révisons chaque année nos programmes de formation et les adaptons si nécessaire. Ce qui nous motive vraiment, ce sont les résultats obtenus : la moitié de nos étudiants entrent sur le marché du travail après un cycle de formation initiale, tandis que l'autre moitié décide de poursuivre ses études".

Quel est l'impact actuel de la transition numérique sur la formation professionnelle ?

B. C. : "La formation aux compétences numériques est largement indispensable. Bruxelles Formation propose 4 millions d'heures de cours par an, dont 800 000 dans le secteur des TIC. Il y a des cours à tous les niveaux, de basique à très avancé. Nous apportons également une innovation importante à tous les demandeurs d'emploi inscrits sur Actiris : en effet, nous avons instauré un bilan de compétences, principalement linguistiques et numériques, pour faire le point. Jusqu'à présent, nous nous limitions aux compétences déclarées par les étudiants, sans les vérifier. Désormais, nous utiliserons les résultats de la nouvelle évaluation pour orienter leur programme de formation individuel".

E. H. : "Vous soulignez à juste titre l'importance de la formation aux compétences numériques. Comme d'autres institutions, l'EPHEC bénéficie du Plan de relance numérique, qui s'appuie sur des subventions européennes. Nous abordons le numérique sous deux angles. D'une part, notre département technico-pédagogique forme les enseignants aux nouveaux outils que nous mettons à disposition des étudiants. D'autre part, dans tous nos cours, les élèves développent des compétences avec les outils numériques utilisés actuellement sur le lieu de travail. Cela inclut les bras robotisés dans nos cours d'ingénierie et, plus généralement, l'utilisation d'outils tels que l'intelligence artificielle ou le Chat GPT. Dans le cadre de notre approche pédagogique, nous veillons naturellement à ce que nos étudiants apprennent à utiliser ces outils à bon escient et avec une réelle valeur ajoutée".

B. C. : "Toutes les formations devraient en effet pouvoir bénéficier de compétences numériques. La crise sanitaire a été un formidable accélérateur de tendances préexistantes qui n'avaient pas vraiment percé auparavant. Aujourd'hui, le numérique est présent dans presque toutes les tâches de nombreuses professions. Pensez, par exemple, à une infirmière, à une personne travaillant dans le transport ou la logistique, ou encore à un travailleur domestique payé avec des titres de services, électroniques ou non. On sait aussi que le numérique fera disparaître à terme certains métiers, mais créera aussi de nouveaux emplois, comme c'est déjà le cas avec le codage. Une initiative comme Digital City à Auderghem répond aux besoins prioritaires de nos entreprises, dans des domaines comme l'intelligence artificielle, la cybersécurité ou le cloud computing. Ce centre de formation et d'emploi a organisé 83 formations numériques différentes l'année dernière et en proposera 123 l'année prochaine."

Interview par Philippe Van Lil

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