L'économie circulaire dans le secteur des soins de santé en Région de Bruxelles-Capitale peine à décoller. En tant que producteurs de grandes quantités de déchets dangereux, les hôpitaux demandent des alternatives aux incinérateurs. Une meilleure gestion des déchets entraîne une baisse des coûts et réduit les effets négatifs sur l'environnement. La technologie est disponible, mais le gouvernement de Bruxelles tergiverse.

Les entreprises du secteur de la santé ont encore du mal à se conformer aux règles de tri des déchets. C'est notamment le cas des hôpitaux, qui sont de grands producteurs de déchets. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) des Nations unies, 85 % de ces déchets sont assimilables à des déchets ménagers. Les 15 % restants peuvent être d'origine infectieuse, chimique ou radioactive. L'OMS estime que dans les pays à revenu élevé comme la Belgique, la quantité moyenne de déchets dangereux par lit d'hôpital est d'un demi-kilogramme par jour. Avec environ 8 953 lits, les hôpitaux de la Région de Bruxelles-Capitale produisent annuellement 1 633 tonnes de déchets provenant d'activités de soins présentant des risques d'infection et 9 250 tonnes équivalentes à des déchets ménagers.

La gestion de cette montagne de déchets n'est pas seulement une préoccupation des hôpitaux mais aussi du gouvernement. Les déchets présentant des risques de contamination sont transportés de Bruxelles pour être incinérés en Wallonie et en Flandre, plus précisément à Tournai et à Anvers. Cela coûte 650 euros par tonne et a un impact de 950 kilogrammes d'équivalent CO2. Pour les déchets ordinaires, il est de 195 euros par tonne pour 360 kilogrammes d'équivalent CO2. La gestion des déchets à haut risque est donc plus complexe, plus coûteuse et plus polluante. En outre, le volume total dépasserait les 15 %, objectif fixé par l'OMS, bien que l'on manque de chiffres précis à ce sujet.

Alternatives à l'incinération

Il existe plusieurs alternatives écologiques à l'incinération des déchets dangereux, comme l'autonettoyage, les micro-ondes et le traitement chimique. L'entreprise belge de traitement des déchets AMB Ecosteryl à Mons est le leader du marché avec le principe des micro-ondes qui permet une décontamination par une température de 100 degrés. Les produits toxiques sont transformés en déchets ménagers, qui peuvent être triés et revendus. Ecosteryl exporte dans plus de 50 pays, mais curieusement ne prend pas pied en Belgique. Les hôpitaux produisent également une grande quantité de déchets non dangereux, tels que les emballages, les vêtements et les outils chirurgicaux. Ce problème est rarement résolu. Selon les estimations, près de 30 % des déchets hospitaliers proviennent du bloc opératoire. L'emballage des médicaments et des instruments chirurgicaux n'y est généralement pas trié car il s'agit d'une procédure compliquée. L'hôpital Delta à Auderghem a mis en place une cellule de développement durable pour optimiser la gestion des déchets. En France, plusieurs hôpitaux récupèrent déjà depuis 2011 les métaux jetés dans les blocs opératoires. Cette approche a permis de recycler jusqu'à 93 762 kilogrammes de métal en 2019.

Impact de Covid-19

Dans la région de Bruxelles-Capitale, les hôpitaux européens prennent les devants. Le groupe dispose de deux sites hospitaliers (Saint Elisatbeth à Uccle et Saint Michael à Etterbeek) et d'autant de sites de consultation (Centre médical Bella Vita à Waterloo et Polyclinique à Halle). Les Hôpitaux d'Europe se sont associés à BeCircular, une initiative du gouvernement bruxellois dans le cadre du Programme régional d'économie circulaire (GPCE) pour aider les entreprises à développer des projets innovants. "Le passage à l'économie circulaire est difficile", explique Marie Loriaux, chef de projet. "Après tout, il n'existe pas de réponse circulaire toute faite pour tous les cycles".

Dans le secteur de la santé, il n'y a pas encore de véritable engagement maximal en faveur de l'économie circulaire de demain. "Pour l'instant, nous avons surtout reçu de l'aide sous la forme de conseils", précise M. Loriaux. "En 2021, ce processus prendra fin. D'ici la fin de l'année, nous devons choisir un projet concret parmi les quatre idées sur la table. Pour une manière plus écologique de traiter les déchets, nous nous intéressons également à l'Ecosteryl. Cette entreprise familiale traite les déchets toxiques et contaminés provenant exclusivement des hôpitaux. Ecosteryl ne compte pas encore un seul hôpital bruxellois dans sa base de clients. Actuellement, tous les hôpitaux ont encore recours à l'incinération des déchets. L'objectif est de passer à l'action d'ici 2025. Nous voulons le faire en collaboration avec trois autres hôpitaux bruxellois." Il s'agit de l'hôpital général Saint-Jean, de l'hôpital Saint-Pierre Ottignies et du centre hospitalier universitaire Saint-Luc.

Europe Les hôpitaux poussent également un soupir de soulagement devant la fin provisoire de la pandémie de corona. "Covid-19 a eu un impact énorme sur la quantité de déchets dans le secteur des soins de santé", déclare M. Loriaux. "Pas seulement en volume. Également en fonction du coût. Les montants que nous devions payer pour l'incinération ont fortement augmenté. Outre le transport non anodin vers Tournai, il y a les frais de pollution. Les installations d'incinération des déchets représentent de gros investissements."

Peu d'encouragement

En interne, Europa Hospitals ne reste pas inactif : des innovations sont constamment recherchées. "La gestion des déchets est un processus continu. Nous avons élaboré un nouveau plan de gestion des déchets pour notre restauration. Nous étudions différentes possibilités pour organiser différemment le transport des déchets, avec des bus et des navettes électriques. En outre, nous travaillons sur une nouvelle construction pour la collecte des eaux de pluie."

La transition vers une économie circulaire dans le secteur des soins de santé n'est pas vraiment encouragée en Région de Bruxelles-Capitale. C'est également l'expérience d'Europa Hospitals. Le gouvernement de Bruxelles offre des conseils mais garde les cordons de la bourse fermés. Ce n'est pas un hasard si les hôpitaux sont à la recherche de partenaires et de sponsors. Le député bruxellois Jonathan de Patoul (DéFi) a précédemment suggéré que le gouvernement bruxellois pourrait construire son propre réseau pour une gestion efficace des déchets dans les hôpitaux. L'objectif est de réduire à zéro le volume des déchets à haut risque sur une période de deux ans. "Une meilleure gestion des déchets permettrait d'économiser des centaines de milliers d'euros et de réduire considérablement les émissions polluantes. La technologie d'Ecosteryl permet de décontaminer les déchets toxiques au niveau de l'hôpital ou de la région. Il peut ensuite être recyclé et s'insérer dans une chaîne d'économie circulaire."

Selon les calculs, un tel site devrait être capable de traiter 2 000 tonnes de déchets par an pour être rentable. Avec 1 633 tonnes, les hôpitaux de Bruxelles ne sont pas loin. La suggestion de créer un secteur bruxellois distinct pour le traitement des déchets hospitaliers est soutenue par
secrétaire d'État à la transition économique Barbara Trachte (Ecolo). Bruxelles Environnement, le service public de l'environnement de la Région de Bruxelles-Capitale, était déjà en contact avec des entreprises spécialisées, mais pour l'instant, il semble qu'il y ait un manque de volonté politique pour appliquer la technologie disponible. Les possibilités d'un consortium autour du traitement des déchets à l'intersection du secteur des soins et de l'économie sociale sont déjà présentes.

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